PAUL CLAUDEL ET HENRI GUILLEMIN
Bulletin de la Société Paul Claudel
n°220, 2016-3 (éd. Classiques Garnier)
Henri Guillemin, avant de publier ses deux beaux livres Claudel et son art d’écrire (1955) et Le «converti» Paul Claudel (1968), avait rencontré à de nombreuses reprises de 1940 à sa mort, le patriarche de Brangues. Passionné par l’œuvre littéraire et l’itinéraire spirituel de l’héritier de Rimbaud et de Mallarmé, Henri Guillemin a raconté dans Parcours et Vérités complémentaires ses rencontres avec l’écrivain et a publié dans Pas à pas la teneur de leurs échanges.
Sous la direction de Pascal Lécroart, professeur à la Faculté des lettres de Besançon, la Société Paul Claudel vient de publier avec un appareil critique détaillé :
-les lettres de Paul Claudel adressées à Henri Guillemin ou ses réponses à plusieurs questionnaires que Guillemin lui adressait entre 1942 et 1954,
-un texte dactylographié de Henri Guillemin, compte rendu d’une longue conversation du 3 octobre 1947 avec Paul Claudel,
-enfin un article, publié dans Candide le 15-16 septembre 1962 sur leurs échanges, repris avec quelques modifications dans Pas à Pas (1969).
Ces textes dans lesquels Henri Guillemin s’adresse « respectueusement » à « Monsieur l’Ambassadeur », où il reconnaît « sa soumission totale à l’Eglise », sont très intéressants pour reconstituer la genèse des travaux ultérieurs d’Henri Guillemin : ils portent sur la relation de Claudel avec Dieu et les Ecritures, ses travaux littéraires, la vie théâtrale et éditoriale. Aucune question à Claudel sur l’argent ou sur la politique. Le correspondant d’Henri Guillemin évoque douloureusement sa sœur Camille...
Dans plusieurs articles de presse (ceux publiés dans le Journal de Genève ou la Gazette de Lausanne peuvent être consultés sur Internet) et dans ses entretiens ultérieurs avec Patrick Berthier puis Jean Lacouture, Henri Guillemin portera des jugements acides sur Paul Claudel . Néanmoins dans l’un des deux livres critiques mais admiratifs qu’il a consacrés à l’artiste prestigieux mais tourmenté, Henri Guillemin conclut aimer qu’il écrive : « Il n’y a rien de plus fort que cet appel du parfait à l’imparfait que nous appelons l’amour ».
Pascal Lécroart en conclusion de sa belle contribution, suggère qu’il y aurait à constituer un véritable « dossier Guillemin » autour de sa relation complexe à Claudel, en reprenant ses nombreux articles de presse, ses conférences, ses archives déposées à Neuchâtel...Voilà une incitation intéressante pour les amis d’Henri Guillemin !
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