Historien ou Polémiste ?

Henri Guillemin, historien ou polémiste ?

 

Ce littéraire de formation s’est très tôt passionné pour l’histoire à partir de l’étude des grands écrivains, et d’abord Lamartine, sujet de sa thèse, qui fut un homme profondément engagé dans son époque. C’est avant tout comme historien ou comme polémiste qu’Henri Guillemin est connu et apprécié du grand public. Lui-même se considère comme historien alors que ses contradicteurs le présentent comme polémiste, voire –avec les nuances péjoratives que le terme comporte- comme un pamphlétaire.

Le parcours universitaire prestigieux d’Henri Guillemin (voir sa Biographie) est un gage de sérieux, et il joint à une grande capacité de travail une passion pour la recherche, la découverte et l’analyse des inédits, des archives, des « petits papiers ».

 

Pourtant, dans l’introduction à L’avènement de M. Thiers et réflexions sur la Commune (Éd. Utovie, 2001, p. 7), n’a-t-il pas écrit : « Lecteur, sois dûment averti… tu ne trouveras pas, sous ma plume, de l’histoire mais du “pamphlet”.  Pamphlet est le nom que porte l’histoire dès qu’elle s’écarte des bienséances et des mensonges reçus. Je dis bien mensonges. Il n’y a pas d’histoire objective ».  

 

Attention : risque de contresens ! Cette forte phrase, n’est pas à prendre au pied de la lettre ; elle montre, en effet, que Guillemin n’hésite pas à entrer, volontairement, dans la controverse et à revendiquer une “histoire” enfin délivrée de cette idée fausse qu’elle est écrite une fois pour toutes et que, dès lors, elle est immuable ; Guillemin est souvent “polémiste”, parce qu’il ne se contente pas de répéter “les histoires” dites et redites, celles que défend un académisme frileux.

 

Avec de nouveaux documents, par la relecture obstinée de sources trop vite et mal exploitées, il questionne, il innove, il éclaire et  cela ne plait pas à tout le monde. De fait, il est historien : historien de la littérature, biographe – certes, souvent critique – des écrivains et de nos hommes politiques, donc historien tout court ! Que signifie, pour lui, être historien ? De cela comme du reste, « lecteur, sois dûment averti (…). Ni impartial, ni impassible, j’ai tenté du moins, à chaque pas, d’être véridique. L’honneur de l’historien c’est sa loyauté »

 

Dans la citation, extraite de L’avènement de M. Thiers…, le sens second, voulu par Guillemin, est en substance : Pour me discréditer, ceux qui ne sont pas d’accord avec mes analyses me font passer pour pamphlétaire ou polémiste. Or je suis un historien, compétent et argumenté mais, à la différence de mes contradicteurs, je ne suis pas conformiste. Cela ne m’empêche nullement de rester, en toutes occasions, historien. User de formules inattendues ou vigoureuses, qui passeraient pour provocantes et mal venues sous la plume d’un historien conventionnel, ne relève pas du pamphlet. C’est, simplement, que l’Histoire est traversée de contradictions, de zones d’ombre, maculée d’erreurs que les travaux récents des historiens tentent d’effacer. Pour cela, parfois, il faut élever le ton : affirmer une vérité n’est pas polémiquer, c’est rester fidèle à ma valeur première, la loyauté.

 

Merci, Henri Guillemin.

Guillemin avec Maurice Chevalier

 

Guillemin avec Maurice Chevalier

 

  

 

 

Jean Hugo et Henri regardant une photo de Victor Hugo, septembre 1949

 

Le site de référence sur Henri Guillemin