Ce sera ma loi d’avoir vécu célèbre et ignoré : cette phrase trouvée dans les « petits papiers » posthumes de Victor Hugo nous donne la clé de l’intérêt d’Henri Guillemin pour son étude des inédits de Hugo, à laquelle il consacre plusieurs années de recherche débouchant sur plusieurs publications. La chance a voulu qu’outre les papiers conservés à la Bibliothèque nationale, il puisse avoir accès aux archives familiales des descendants de Hugo. On découvre donc, notamment à travers les Souvenirs personnels et les Carnets intimes de Hugo édités par Guillemin, mais aussi dans ses ouvrages de synthèse sur son humour ou sa sexualité, ou dans des correspondances, un homme plus complexe que ce que la légende nous a légué. Le vicomte Hugo est un républicain tardif, c’est l’exil qui lui donnera une stature de résistant et fera de lui, de son vivant, une gloire nationale, statut qui l’embarrasse ! Difficultés et drames de la vie familiale, sens de l’argent, évènements surprenants de la vie intérieure, révélations « peu reluisantes » sur le comportement sexuel, Guillemin nous donne accès à tout sans jamais condamner le comportement de son « ami Hugo ».
La discussion qui s’engage porte sur ce qu’est devenu l’héritage littéraire hugolien, par exemple ses romans : les lit-on encore ? Si le succès international des Misérables ou de Notre Dame de Paris repose plus sur les adaptations à la scène ou à l’écran que sur la fréquentation des livres, l’étude d’un ouvrage comme Quatre-vingt treize, si important pour Hugo, peut encore passionner des lycéens !